À La Réunion, le plus grand lycée professionnel de France se tourne vers les métiers maritimes : interview de la proviseure

Lénaïc Segalen, déléguée générale de CINav, a rencontré Chantal Gawronski, proviseure du lycée Léon de Lépervanche, dans son établissement emblématique des filières industrielles et maritimes. Formations, projets innovants et ambitions du futur Lycée des Métiers de la Mer, ont été au cœur de leurs échanges. Lénaïc Segalen revient sur l’essentiel de leurs propos.

Lénaïc Segalen : Pouvez-vous nous présenter brièvement votre établissement, ses caractéristiques particulières ?

Chantal Gawronski : Le lycée professionnel Léon de Lépervanche, situé au Port, est le plus grand lycée professionnel de France. Il accueille 1550 élèves répartis dans 77 divisions, encadrés par 200 enseignants et 60 personnels non enseignants, sur un site de 11 hectares. Sa taille et la diversité de ses formations en font un établissement atypique, notamment par son engagement dans les filières industrielles et maritimes.

LS : Quelles sont les filières proposées et leurs niveaux de formation ?

CG : Le lycée propose 28 formations, dont 4 uniques dans l’académie : 12 CAP, 11 Bac Pro, 2 certificats de spécialisation, 1 BTS CCST (Conseil Commercialisation de Solutions Techniques), un institut de formation d’aide-soignant, et plusieurs dispositifs spécifiques.
Les filières couvrent de nombreux secteurs : sécurité, services à la personne, restauration, commerce, métiers d’art, maintenance industrielle et nautique, chaudronnerie, électricité, carrosserie automobile. Les formations liées au maritime incluent un CAP maritime et un Bac Pro maintenance nautique.

LS : Quels sont les grands projets en cours ou à venir ?

CG : Depuis 2020, le lycée est préfigurateur du futur Lycée des Métiers de la Mer, projet soutenu par l’État, la Région et l’Académie. L’ouverture du CAP maritime a placé l’établissement sous double tutelle (Éducation nationale et ministère chargé de la Mer), renforçant les liens avec les acteurs du secteur maritime.

En 2022, le Bac Professionnel maintenance nautique a été lancé, avec un taux de réussite de 95 % pour la première promotion. Les élèves bénéficient d’un parcours complet : BIMER en seconde, plongée en première, permis côtier en terminale.

Pour anticiper la création du futur campus des métiers de la mer, le lycée navalise déjà ses formations industrielles pour répondre aux besoins économiques locaux. Le Bac Pro MSPC (Maintenance des Systèmes de Production Connectés) intègre une spécialisation en maintenance des infrastructures portuaires, en partenariat avec Endel Altrad et le Grand Port Maritime. La chaudronnerie industrielle (CAP et Bac Pro) vise une orientation "construction navale" dès 2026, avec un BTS prévu en 2027. Les métiers de l’électricité sont également concernés.

LS : Quels sont les besoins actuels, que ce soit en termes de ressources humaines, matérielles ou partenariats ?

CG : Un partenariat avec CINav serait essentiel pour accompagner la coloration maritime des formations : accès à des ressources pédagogiques adaptées et au réseau d’entreprises pour les stages en métropole.
Nous avons besoin d’enseignants spécialisés en construction navale et de partenaires industriels dans le nautisme pour les PFMP (Période de Formation en Milieu Professionnel), car le secteur reste limité à La Réunion.

LS : Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet "Lycée de la mer", ses objectifs et son calendrier ?

CG : Le Lycée des Métiers de la Mer ouvrira en août 2027, à proximité du Lycée Lépervanche. Il sera polyvalent, avec une section générale et une section professionnelle dédiée aux métiers de la mer.

Les formations proposées regrouperont les CAP maritime, CAP maintenance des embarcations, Bac Pro navigant pont/machine, Bac Pro maintenance nautique, BTS MASEN (Maritime Maintenance des Systèmes Electro-Navals), BTS mécatronique navale, BTS PGEM (Maritime Pêche et Gestion de l'Environnement Marin). Les BTS seront ouverts progressivement. Le lycée disposera d’ateliers modernes, de simulateurs performants et d’un navire école de 12 mètres. Des postes d’enseignants seront ouverts au national pour accompagner son développement.